Le retour sur investissement (RSI) est un terme largement utilisé par les entreprises, et tout consultant se doit d’en comprendre les mécanismes. Il ne s’agit pas ici de vous donner un cours de finance approfondi, mais plutôt de se focaliser sur les leviers clés de cet indicateur et de vous donner la capacité d’en discuter intelligemment.
Voici des liens pour obtenir des informations complémentaires sur le détail des calculs du RSI, du taux de rentabilité interne et de la valeur actuelle nette.
Les décideurs sont familiers avec cette logique financière, et ne pas la maîtriser ne vous positionne pas comme un interlocuteur de confiance.
Introduction
De façon simple, le RSI est une mesure de performance d’un investissement. Gardez en mémoire que celle-ci n’a de sens que si elle est comparée à la performance d’un autre investissement. Les entreprises peuvent investir dans différents domaines ou ressources.
Il peut s’agir de l’acquisition d’une société, de biens immobiliers, d’infrastructures, de flottes de véhicules, d’un progiciel de gestion, de personnes, etc. Chaque investissement a ses propres caractéristiques incluant une performance propre.
Ainsi, en termes de stratégie, les décideurs devront choisir entre multiples options d’investissements avec en tête, bien sûr, de maximiser l’argent disponible, mais surtout de sélectionner ceux qui sont plus performants qu’un certain seuil appelé « coût du capital ».
Ce seuil correspond à l’opportunité pour l’entreprise d’investir sur d’autres instruments et le retour qu’elle peut en espérer. Pour faire simple : pourquoi investir dans une camionnette qui me rapportera 5 % de trésorerie en plus d’ici 3 ans, alors que si j’investissais dans des fonds de pension cela me rapporterait plus ?
Dépendant de l’industrie dans laquelle on se trouve et du pays, le coût du capital peut varier, le plus souvent entre 8 et 12 %, et il sert donc de référence pour juger de la crédibilité d’un investissement. Je vous recommande le site français WACC expert qui offre un service entièrement gratuit pour déterminer le Coût du Capital (WACC) par pays et industries.
Ce que vous devez retenir en tant que consultant, c’est qu’en théorie, toute entreprise ne devrait pas investir dans un projet dont la performance est inférieure à son coût du capital.
Estimer le flux de trésorerie
Pour estimer la performance d’un investissement, il faut dans un premier temps identifier tous les flux d’argent qui entrent et qui sortent par période et qui sont une conséquence directe de cet investissement.
Nous parlons ici d’un estimé. Les gains et les pertes que l’on peut envisager suite à un investissement sont issus de l’appréciation personnelle de l’analyste et sont donc approximatifs. Aujourd’hui, les entreprises évoluent dans un système économique complexe et imprévisible, et ont du mal à calculer leur trésorerie à 1 an, voire 6 mois.
Si l’on remet l’analyse du RSI dans cet environnement, on demande à l’analyste de prévoir la trésorerie sur certains investissements à plus de 10 ans. Vous comprenez la difficulté de cette tâche et on peut questionner la justesse de l’évaluation.
Les sources d’erreurs étant importantes, il apparaît qu’une complexité élevée quant au calcul du RSI ne fera en rien gagner en exactitude. C’est pourquoi j’ai l’habitude de préconiser dans une première étape une approche basée uniquement sur le cash, faisant abstraction des calculs de dépréciation des immobilisations.
Cela simplifie la logique de calcul et permet d’obtenir une évaluation raisonnable de la performance d’un investissement rapidement.
Regardons ensemble quels sont ces flux de trésorerie :
Les flux sortants : ce sont les plus faciles à évaluer.
— Il s’agit bien sûr de l’investissement initial. N’oubliez pas que cet investissement peut être étalé dans le temps.
— Le fait d’investir peut générer du travail supplémentaire (installation, intégration, gestion courante, etc.), mais aussi des frais supplémentaires, comme de nouveaux contrats de maintenance.
— D’autre part, il faudra prendre en compte certaines pertes de productivité temporaires.
Les flux entrants : il s’agit des gains attendus de l’investissement et on peut les séparer en 4 catégories.
— Les gains de productivité et d’efficacité : exécuter plus pour moins cher.
— Les gains de croissance : développer les ventes.
— La réduction du besoin en fonds de roulement, essentiellement par 2 leviers : réduire le niveau des stocks et le temps de collecte des paiements clients.
— Les coûts évités : du fait de l’investissement, certains coûts peuvent diminuer ou disparaître.
Les gains de productivité sont souvent utilisés pour justifier un investissement. Il faut cependant toujours les considérer sous forme de flux de trésorerie, surtout lorsqu’ils s’appliquent à des départements de support de l’organisation. La question essentielle est : comment se traduit ce gain de productivité en flux de trésorerie ?
Dans une vie antérieure, j’ai été confronté à la décision d’investir dans une solution logicielle de consolidation financière pour plusieurs millions de dollars. L’analyse qui m’était présentée ciblait principalement d’importants gains de productivité pour les équipes comptables à travers le monde.
Cet investissement permettait en effet de clôturer les comptes mensuellement en 3 jours plutôt qu’en 7 ou 8 jours habituellement nécessaires. L’analyse valorisait ce temps gagné par le salaire moyen des équipes comptables.
Cela signifiait-il que l’entreprise ne paierait plus ce salaire aux équipes financières ? La réponse est évidemment non. Bien que des gains réels en termes de productivité aient pu être constatés, leur intégration au sein de l’évaluation financière de la performance de l’investissement était injustifiée.
Les gains de croissance sont intéressants, car ils sont souvent mentionnés, mais peu intégrés dans le calcul du RSI. En effet, dire qu’un investissement permettra de générer des ventes supplémentaires implique l’engagement du manager à réaliser ce chiffre d’affaires et apparaîtra dans son plan de vente.
Garder toutefois en tête qu’il ne faudra pas ajouter le montant des ventes directement comme flux de trésorerie, mais uniquement la marge associée.
La réduction du besoin en fonds de roulement est un classique des gains que l’on peut envisager pour justifier un investissement. Il cible principalement la réduction des inventaires et l’accélération des paiements clients.
Les coûts évités sont souvent une source de discussion intense dans les organisations. Cela provient bien souvent de l’impossibilité de contrôler efficacement leur diminution ou leur disparition.
La logique froide du retour sur investissement
En conclusion, le RSI peut être un outil efficace pour analyser la crédibilité et comparer les performances de plusieurs investissements. Cependant, nous l’avons vu dans le cas de l’investissement pour la suite logicielle de consolidation financière, d’autres critères doivent entrer en jeu pour évaluer la pertinence d’un investissement.
On peut penser aux risques associés au non-investissement, au bien-être des employés, à la confiance des actionnaires, à la reconnaissance de la marque, au développement d’une culture d’entreprise, etc. Nous le voyons, il est parfois compliqué d’utiliser une logique financière pure sur l’évaluation d’investissements.
Alors oui, le RSI est utile pour rationaliser les éléments d’une décision économique, mais doit être complété par une analyse plus humaine de la situation.
Lorsque vous dialoguez avec des décideurs, n’oubliez pas de leur présenter ces deux perspectives. Ils vous en seront reconnaissants et cela démontrera votre compréhension de leur problématique de décision.
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